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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

nous ont transmis la splendeur surhumaine, tout cuirassé d’or, avec des têtes de monstres aux épaules et des ailes d’or à la coiffure.

On y monte, à ces terrasses qui supportent la salle du trône, par des rampes de proportions babyloniennes, et, ceci pour l’Empereur seul, par un « sentier impérial », c’est-à-dire par un plan incliné fait d’un même morceau de marbre, un de ces blocs intransportables que les hommes d’autrefois avaient le secret de remuer ; le dragon à cinq griffes déroule ses anneaux sculptés du haut en bas de cette pierre, qui partage par le milieu, en deux travées pareilles, les larges escaliers blancs, et vient aboutir au pied du trône ; — pas un Chinois n’oserait marcher sur ce « sentier » par où les empereurs descendaient, appuyant, pour ne pas glisser, les hautes semelles de leurs chaussures aux écailles de la bête héraldique.

Et ces rampes de marbre, obstinément blanches à travers les années, ont des centaines de balustres plantés partout, sur la tête