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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

laquelle pose la salle même du trône, avec ses colonnes trapues d’un rouge sanglant et sa monumentale toiture de vieil émail. C’est comme un jardin funéraire, cette place blanche tant les broussailles ont jailli du sol entre les dalles soulevées, et on y entend crier, dans le silence, les pies et les corbeaux.

Il y a par terre des rangées de blocs en bronze, tous pareils, sortes de cônes sur lesquels s’ébauchent des formes de bêtes ; ils sont là seulement posés, parmi les herbes roussies et les branches effeuillées, on peut en changer l’arrangement comme on ferait d’un jeu de lourdes quilles, — et ils servaient, en leur temps, pour les entrées rituelles de cortèges ; ils marquaient l’alignement des étendards et les places où devaient se prosterner de très magnifiques visiteurs, lorsque le Fils du Ciel daignait apparaître au fond, comme un dieu, tout en haut des terrasses de marbre, entouré de bannières, dans un de ces costumes dont les images enfermées au temple des Ancêtres