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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

la vie du peuple s’arrête, sous l’oppression du trône. Et, tout au bout de cette solitude, surveillée du haut des obélisques par les maigres bêtes de marbre, on aperçoit enfin le centre si défendu de Pékin, le repaire des Fils du Ciel.

Cette dernière enceinte qui apparaît là-bas — celle de la « Ville violette », celle du palais — est, comme les précédentes, d’une couleur de sang qui a séché ; elle est plantée de donjons de veille, dont les toits d’émail sombre se recourbent aux angles, se relèvent en pointes méchantes. Et ses triples portes, toujours dans l’axe même de la monstrueuse ville, sont trop petites, trop basses pour la hauteur de la muraille, trop profondes, angoissantes comme des trous de tunnel. Oh ! la lourdeur, l’énormité de tout cela, et l’étrangeté du dessin de ces toitures, caractérisant si bien le génie du « Colosse jaune » !…

Le délabrement des choses a dû commencer