Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

traînent des amas de papiers manuscrits, des soies, des loques charmantes. Et mes deux serviteurs, qui fourragent là dedans avec des bâtons, comme des chiffonniers, ont bientôt fait de ramener ce que je cherchais : l’un après l’autre, les deux petits souliers rouges, étonnants et comiques !

Ce ne sont pas de ces ridicules souliers de poupée, pour dame chinoise aux orteils contrefaits ; l’Impératrice, étant une princesse tartare, ne s’était point déformé les pieds, qu’elle semble avoir, du reste, très petits par nature. Non, ce sont des mules brodées, de tournure très normale ; mais leur extravagance est seulement dans les talons, qui ont bien trente centimètres de haut, qui prennent sous toute la semelle, qui s’élargissent par le bas comme des socles de statue sans quoi l’on tomberait, qui sont des blocs de cuir blanc tout à fait invraisemblables.

Je ne me représentais pas que des souliers de femme pouvaient faire tant de volume. Et comment les emporter, à présent, pour n’avoir