Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

là, caché à demi dans les arbres, charmant et frêle, posé sur une terrasse de marbre blanc. Ses toits de faïence verte rehaussés d’or, ses murs à jour, peints et dorés, brillent d’un éclat de choses précieuses et toutes neuves, parmi le vert poussiéreux des cèdres centenaires. Il était une petite merveille de grâce et de mignardise, et il est adorable ainsi, dans cet abandon et ce silence.

Par les portes ouvertes sur les marches si blanches qui y montent, de gentils débris de toutes sortes dévalent en cascade : cassons de porcelaines impériales, cassons de laques d’or, petits dragons de bronze tombés les pattes en l’air, lambeaux de soies roses et grappes de fleurs artificielles. Les barbares ont passé par là, mais lesquels ? Pas les Français assurément, pas nos soldats, car jamais cette partie de la « Ville jaune » ne leur a été confiée, jamais ils n’y sont venus.

Dans les cours intérieures, d’où s’envole à notre approche une nuée de corbeaux, même désastre : le sol est jonché de pauvres objets