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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

À travers deux kilomètres de ruines et de décombres, je me dirige à présent vers le quartier des légations européennes, afin de prendre congé de notre ministre de France, encore malade et alité, et de lui demander ses commissions pour l’amiral, — car, je dois, après-demain au plus tard, quitter Pékin, m’en retourner à bord.

Et cette visite terminée, au moment où je remonte à cheval pour rentrer dans la « Ville jaune », quelqu’un de la légation vient très gentiment me donner une indication précise, tout à fait singulière, qui me permettra sans doute de dérober ce soir deux petits souliers de l’Impératrice de Chine et de les emporter comme part de pillage. En effet, dans une île ombreuse de la partie sud du Lac des Lotus est un frêle palais, presque caché, où la souveraine avait dormi sa dernière nuit d’angoisse, avant sa fuite affolée en charrette comme une pauvresse. Or, la deuxième chambre à gauche, au fond de la deuxième cour de ce palais, était la sienne. Et là, paraît-il, sous un lit sculpté,