Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

c’est seulement l’envolée de poussière noire dont il s’enveloppe avec son petit cheval mongol, — et nous suivons ce nuage.

Au bout d’une demi-heure de course rapide, dans une triste ruelle sans vue, devant une vieille maison délabrée, le nuage enfin s’arrête… Est-ce possible qu’il demeure là, ce Li-Hung-Chang, riche comme Aladin, possesseur de palais et de merveilles, qui fut un des favoris les plus durables de l’Impératrice, et une des gloires de la Chine ?…

Pour je ne sais quelles raisons, sans doute complexes, un poste de soldats cosaques garde cette entrée : uniformes sordides et naïves figures roses. La salle où l’on m’introduit, au fond d’une cour, est en décrépitude et en désarroi ; au milieu, une table et deux ou trois fauteuils d’ébène sculptés un peu finement, mais c’est tout. Dans les fonds, un chaos de malles, de valises, de paquets, de couvertures enroulées ; on dirait les préparatifs d’une fuite.