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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

scarabées, mouches ou phalènes, ils sont bien tels que ces horribles petites bêtes peintes en reliefs d’or sur nos éventails de cour…

Dans un anéantissement physique très particulier, qui laisse se libérer l’esprit (à Bénarès, peut-être dirait-on : se dégager le corps astral), tout nous paraît facile, amusant, dans ce palais, et ailleurs dans le monde entier. Nous nous félicitons d’être venus habiter la « Ville jaune » à un instant unique de l’histoire de la Chine, à un instant où tout est ouvert et où nous sommes encore presque seuls, libres dans nos fantaisies et nos curiosités. La vie nous semble avoir des lendemains remplis de circonstances intéressantes, et même nouvelles. En causant, nous trouvons des suites de mots, des formules, des images rendant enfin l’inexprimable, l’en-dessous des choses, ce qui n’avait jamais pu être dit. Les désespérances, les grandes angoisses que l’on traînait partout comme le boulet des bagnes, sont incontestablement atténuées.