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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

quatre brûle-parfums géants, de forme hiératique, en cloisonné adorablement bleu, qui posent sur des éléphants d’or. Ils se détachent, précis, en avant de panneaux en laque noire, semés d’une envolée de longues ailes blanches, traversés d’une fuite éperdue de grands oiseaux dont chaque plume est faite d’une nacre différente. Sans doute notre lampe faiblit, car, en dehors de ces choses proches, la magnificence du lieu ne se voit presque plus, s’indique plutôt à notre souvenir — par la silhouette rare de quelque vase de cinq cents ans, par le reflet de quelque inimitable soierie, ou l’éclat d’un émail…

Très tard la fumée de l’opium nous tient en éveil, dans un état lucide et confus à la fois. Et nous n’avions jamais à ce point compris l’art chinois ; c’est vraiment ce soir, dirait-on, qu’il nous est révélé. D’abord, nous en ignorions, comme tout le monde, la grandeur presque