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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

C’est un opium exquis, il va sans dire, dont la fumée, tournant en petites spirales rapides, a tout de suite fait d’alourdir l’air en l’embaumant. Par degrés, il nous apportera l’extase chinoise, l’oubli, l’allégement, l’impondérabilité, la jeunesse.

Absolu silence au dehors, car le poste des soldats — d’ailleurs endormis — est fort loin de nous ; absolu silence, cours désertes où il gèle, et nuit noire. La galerie, dont les extrémités se perdent dans l’imprécision obscure, devient de plus en plus tiède ; la chaleur des fours souterrains s’y appesantit, entre ces parois de vitres et de papier collé qui seraient si frêles pour nous garantir des surprises de l’extérieur, mais qui font les salles si hermétiquement closes et propices à l’intoxication par les parfums.

Étendus très mollement sur des épaisseurs soyeuses, nous regardons fuir le plafond, l’en-