Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

à vapeur s’agitent comme un petit peuple affairé entre les grands vaisseaux immobiles.

Maintenant les coups de canon partent de tous côtés pour la bienvenue militaire à notre amiral ; au-dessous du voile de fumées sombres, les gaies fumées claires de la poudre s’épanouissent en gerbes, se promènent en flocons blancs ; le long de toutes les mâtures de fer, montent et descendent en notre honneur des pavillons tricolores ; on entend partout les clairons sonner, les musiques étrangères jouer notre Marseillaise, — et on se grise un peu de ce cérémonial, éternellement pareil, mais éternellement superbe, qui emprunte ici une magnificence inusitée au déploiement de ces flottes.

Et puis le soleil, le soleil à la fin s’est réveillé et flamboie, nous apportant pour notre jour d’arrivée une dernière illusion de plein été, dans ce pays aux saisons excessives, qui avant deux mois commencera de se glacer pour un long hiver.