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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

les temples ; ou bien, autour de quelque cadavre, le cri des corbeaux et le triste aboiement des chiens mangeurs de morts.

J’ai d’abord à traverser une région où il n’y a que des arbres, des arbres qui ont vraiment des tournures chinoises, et dont l’aspect suffirait à donner la notion et la petite angoisse de l’exil ; la route s’en va là-dessous, inquiétante, soudainement assombrie par les vieilles ramures qui y font le crépuscule presque nocturne. Sur l’herbe rase, fanée par l’automne, sautillent des pies attardées. Sautillent aussi, dansent en rond noir avant de se coucher, des corbeaux dont les croassements s’amplifient et font peur au milieu du froid et du silence. Et là-bas, des chiens, dans une sorte de clairière où tombe un peu de lueur, traînent une longue chose qui a forme humaine. Après la déroute, les défenseurs de la « Ville jaune » sont venus mourir n’importe où dans le bois, et les moyens ont manqué pour les ramasser tous…

Au bout d’un quart d’heure, apparition de la « Ville violette », dont un angle surgit devant