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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

n’avait été violé par les étrangers ; les ambassadeurs eux-mêmes n’en passaient jamais les portes ; jusqu’à ces derniers jours, il était demeuré inaccessible aux Européens et profondément inconnu.

Elle entoure, cette « Ville jaune », elle protège, derrière une zone de tranquillité et d’ombre, la plus mystérieuse encore « Ville violette », résidence des Fils du Ciel, qui y occupe, au centre, un carré dominateur, défendu par des fossés et de doubles remparts.

Et quel silence, ici, à cette heure ! Quel lugubre désert que tout ce lieu ! La mort plane à présent sur ces allées, qui jadis voyaient passer des princesses promenées dans des palanquins, des impératrices suivies de soyeux cortèges. Depuis que les hôtes habituels ont pris la fuite et que les « barbares d’Occident » occupent leur place, on ne rencontre plus personne dans le bois, si ce n’est, de loin en loin, une patrouille, un piquet de soldats d’une nation ou d’une autre. Et on n’y entend guère que le pas des sentinelles devant les palais ou