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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

et de rouille, devant la muette rangée de ces moulins-à-prière.

De jeunes lamas, venus sans bruit comme des ombres, apparaissent l’un après l’autre derrière nous ; même des enfants lamas, — car on commence de les instruire tout petits dans ces rites millénaires que personne ne comprend plus.

Ils sont jeunes, mais ils n’ont aucune jeunesse d’aspect ; la sénilité est sur eux, irrémédiable, avec je ne sais quelle hébétude mystique ; leurs regards ont l’air de venir du fond des siècles et de s’être ternis en route. Pauvreté ou renoncement, leurs robes jaunes ne sont plus que des loques décolorées, sur leurs maigres corps. On les dirait tous, costumes et visages, saupoudrés de la cendre du temps, comme leur culte et comme leur sanctuaire.

Ils veulent bien nous montrer, dans ces grands bâtiments aujourd’hui anéantis, tout ce