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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

course ; aux rues agitées, aux rues encombrées, succèdent peu à peu les rues mortes de vieillesse, où il n’y a plus de passants ; l’herbe verdit au seuil des portes et on voit, au-dessus des murs abandonnés, monter des arbres aux branches noueuses comme de vieux bras.

Nous mettons pied à terre devant un portail croulant, qui semble donner sur un parc pour promenades de fantômes, — et c’est, cela, l’entrée du temple.

Quel accueil nous fera-t-on dans cet enclos de mystère ? Nous n’en savons rien, et d’abord il n’y a personne pour nous recevoir.

Mais le chef des lamas paraît bientôt, avec des saluts, apportant ses clefs, et nous le suivons à travers le petit parc funèbre.

Robe violette et chevelure rasée, figure de vieille cire, à la fois souriante, épeurée et hostile, il nous conduit à un second portail ouvrant sur une immense cour dallée de pierres blanches, que les premiers bâtiments du temple entourent de leurs murs compliqués, fouillés, de leurs toits courbes et griffus, de leurs