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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

formant une boutique à la toilette extravagante et sans fin ; des fourrures opulentes de Mongolie, volées chez des riches ; des costumes clinquants de courtisane, ou des robes en soies lourdes et magnifiques, ayant appartenu à des grandes dames disparues. La populace chinoise — qui aura cent fois plus fait que l’invasion des alliés pour le pillage, l’incendie et la destruction de Pékin, — la basse populace uniformément sale, en robe de coton bleu, avec de mauvais petits yeux louches, grouille, pullule là dedans, innombrable et pressée, soulevant la poussière et les microbes en tourbillons noirs. Et d’ignobles drôles à longue queue circulent au milieu de la foule, offrant pour quelques piastres des robes d’hermine ou des renards bleus, des zibelines admirables, dans la hâte de s’en défaire et la peur d’être pris.

Cependant le silence se fait par degrés, à mesure que nous approchons du but de notre