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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

d’Espagne, où il a été recueilli, il est toujours alité, mais convalescent, et je pourrai lui faire enfin les communications dont j’ai été chargé par l’amiral.

Voici quatre jours que je n’avais franchi les murailles rouges de la « Ville impériale », que je n’étais sorti de notre solitude superbe. Et quand je me retrouve au milieu de la laideur des petites ruines grises dans les rues banales de la « Ville tartare », dans le Pékin de tout le monde, dans le Pékin que tous les voyageurs connaissaient, j’apprécie mieux l’étrangeté unique de notre grand bois, de notre grand lac, et de nos splendeurs défendues.

Cette ville du peuple cependant paraît déjà moins funèbre que le jour de mon arrivée, sous le vent de neige. Ainsi qu’on me l’avait dit, les gens ont commencé à revenir ; en ce moment Pékin se repeuple ; même dans les quartiers les plus détruits, des boutiques sont rouvertes, on rebâtit des maisons, et déjà se reprennent les humbles et comiques petits