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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

Les corbeaux et les chiens, descendus au fond du trou, leur ont vidé le thorax, mangé les intestins et les yeux ; dans un fouillis de membres n’ayant presque plus de chair, on voit des épines dorsales toutes rouges se contourner parmi des lambeaux de vêtements. Presque tous ont gardé leurs souliers, mais ils n’ont plus de chevelure : avec les chiens et les corbeaux, d’autres Chinois évidemment sont descendus aussi dans le trou profond et ont scalpé ces morts pour faire de fausses queues. Du reste, les postiches pour hommes étant en honneur à Pékin, tous les cadavres qui gisent dans nos environs ont la natte arrachée avec la peau et laissent voir le blanc de leur crâne.

Aujourd’hui, je quitte de bonne heure et pour toute la journée notre « palais du Nord », ayant à me rendre dans le quartier des Européens, auprès de notre ministre. À la légation