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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

au fur et à mesure, sort de l’église ou du presbytère, va s’installer dans des locaux inutilisables en ce moment pour nos troupes, en attendant qu’on le transporte au palais des Ancêtres, où on le laissera dormir sous scellés.

Et nous en avons tant vu, de ces choses magnifiques, tant vu que ça devient satiété et lassitude. Les plus étonnantes découvertes, faites au fond des plus vieilles caisses, ont cessé de nous étonner ; rien ne nous plaît plus pour la décoration — oh ! si passagère ! — de nos appartements ; rien n’est assez beau pour nos fantaisies d’Héliogabale — qui n’auront pas de lendemain, puisqu’il faut, dans peu de jours, que l’inventaire soit terminé, et que nos longues galeries, redevenues modestes, soient morcelées en chambres d’officier et en bureaux.

En fait de découvertes, nous avons ce matin celle d’un amas de cadavres : les derniers défenseurs de la « Ville impériale », tombés là, au fond de leur tranchée suprême, en tas, et restés enchevêtrés dans leurs poses d’agonie.