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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Une heure passe, dans un calme idéal, traversé tout au plus de deux ou trois cris de corbeau. Et puis j’entends, au pied de mon rempart, un galop de cavalerie, très bruyant sur les dalles de pierre de la route : c’est le feldmaréchal de Waldersee, suivi d’une escorte de soldats portant des fanions au bout de leurs lances. Il rentre chez lui, dans le palais qu’il habite non loin d’ici, et qui est la plus somptueuse de toutes les résidences de l’Impératrice. Je suis des yeux sur le Pont de Marbre la chevauchée qui s’éloigne, tourne à gauche, se perd derrière les arbres. Et le silence aussitôt revient, absolu comme devant.

De temps à autre, je vais me promener sur mes hautes terrasses dallées, y découvrant chaque fois des choses nouvelles. Au pied de mes cèdres, il y a d’énormes tam-tams pour appeler les Esprits ; il y a des plates-bandes de chrysanthèmes jaunes et d’œillets d’Inde jaunes, auxquels la gelée a laissé quelques fleurs ; il y a une sorte de dais, en faïence et en marbre, abritant un objet d’aspect au premier abord