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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

soleil rayonne sur les cèdres noirs, sur les saules qui s’effeuillent ; comme en été, on recherche l’ombre. Et, près de ma porte, à l’entrée du Pont de Marbre, mes mornes voisins, les deux cadavres en robe bleue qui gisent parmi les lotus, baignent dans une ironique splendeur de lumière.

Après que les soldats de garde ont refermé derrière moi l’espèce de poterne basse par où l’on accède à mes jardins suspendus, me voici de nouveau seul dans le silence, — jusqu’à l’heure où les rayons de ce soleil, tombant plus obliques et plus rougis sur ma table à écrire, m’annonceront le triste soir.

À peine suis-je installé au travail qu’un petit coup de tête amical, discrètement frappé contre ma jambe pour appeler mon attention, m’annonce la visite du chat. — Je l’avais d’ailleurs prévue, cette visite, et je dois m’attendre à la recevoir à présent chaque jour.