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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

mer. On ne voit toujours que l’espace et le vide ; cependant la vigie, très haut perchée, signale sur l’horizon des fumées noires, — et ce petit nuage de houille, qui d’en bas n’a l’air de rien, indique là de formidables présences ; il est exhalé par les grands vaisseaux de fer, il est comme la respiration de cette escadre sans précédent, à laquelle nous allons nous joindre.

D’abord la toilette de l’équipage, avant celle du bâtiment : pieds nus et torse nu, les matelots s’éclaboussent à grande eau, dans la lumière qui vient ; malgré le surmenage constant, ils ne sont nullement fatigués, pas plus que le vaisseau qui les porte. Le Redoutable est du reste, de tous ces navires si précipitamment partis, le seul qui en chemin, dans les parages étouffants de la mer Rouge, n’ait eu ni morts ni maladies graves.

Maintenant, le soleil se lève, tout net sur l’horizon de la mer, disque jaune qui surgit lentement de derrière les eaux inertes. Pour nous, qui venons de quitter les régions équato-