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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

françaises, habillés comme pour se pavaner à Versailles, avec la perruque à l’instar du Roi-Soleil.

Dans le fond du temple, les neuf portes magnifiques, aux battants scellés, ferment les autels mortuaires de neuf empereurs. On veut bien briser pour moi les cachets de cire rouge et déchirer les bandelettes de toile à l’une de ces entrées si défendues, et je pénètre dans un des sanctuaires très sacrés, — celui du grand empereur Kouang-Su, dont la gloire resplendissait au commencement du xviiie siècle. Un sergent m’accompagne par ordre dans cette profanation, tenant à la main une bougie allumée qui semble brûler ici à regret, dans l’air plus rare et le froid du sépulcre.

Le temple était déjà bien sombre ; mais à présent c’est la nuit noire, et on dirait qu’on a jeté de la terre et de la cendre sur les choses : toujours cette poussière, qui s’accumule sans trêve sur Pékin, comme un indice de vétusté