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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

jours d’abomination les chiens, les pies et les corbeaux, je m’en vais, de l’autre côté de la « Ville violette », visiter le « Palais des ancêtres », gardé aujourd’hui par notre infanterie de marine, et qui était le saint des saints, le panthéon des empereurs morts, le temple dont on n’approchait même pas.

C’est dans une région particulièrement ombreuse ; en avant de la porte d’entrée, les arcs de triomphe laqués de vert, de rouge et d’or, tourmentés et légers sur des pieds frêles, s’emmêlent aux ramures sombres : les énormes cèdres, les énormes cyprès tordus de vieillesse abritent et font verdir les monstres de marbre accroupis devant le seuil.

Une fois franchie la première enceinte, on en trouve naturellement une seconde. Toujours à l’ombre froide des vieux arbres, les cours se succèdent, magnifiquement funèbres, pavées de larges dalles entre lesquelles pousse une herbe de cimetière ; chacun des cèdres, chacun des cyprès qui jette là son obscurité est entouré