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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

jaune : bouquets artificiels en agate, en jade, en corail, en lapis ; pagodes et paysages tout bleus, en plumes de martin-pêcheur prodigieusement travaillées ; pagodes et paysages en ivoire, avec des milliers de petits bonshommes ; œuvres de patience chinoise, ayant coûté des années de travail, et aujourd’hui brisées, crevées à coups de baïonnette, les débris de leurs grandes boîtes de verre jonchant le sol et craquant sous les pas.

Les robes impériales, en lourde soie, brochées de dragons d’or, traînent par terre, parmi les cassons de toute espèce. On marche dessus ; on marche sur des ivoires ajourés, sur des vitres, des broderies, des perles.

Il y a des bronzes millénaires, pour les collections d’antiquités de l’Impératrice ; il y a des paravents que l’on dirait sculptés et brodés par les génies et les fées ; il y a des potiches anciennes, des cloisonnés, des craquelés, des laques. Et certaines caisses en dessous, portant l’adresse d’empereurs défunts depuis un siècle,