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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

la plus extraordinaire, la caverne d’Ali-Baba, la plus remplie. Outre les objets anciens apportés de la « Ville violette », l’Impératrice y avait fait entasser tous les cadeaux reçus, il y a deux ans, pour son jubilé. (Et le défilé des mandarins qui, en cette occasion, apportèrent des présents à la souveraine avait, paraît-il, une lieue de longueur et dura toute une journée.)

Dans la nef, dans les bas-côtés, les monceaux de caisses et de boîtes s’élèvent jusqu’à mi-hauteur des colonnes. Malgré les bouleversements, malgré les pillages faits à la hâte par ceux qui nous ont précédés ici, Chinois, Japonais, soldats allemands ou russes, il reste encore des merveilles. Les plus énormes coffres, ceux d’en dessous, préservés par leur lourdeur même et par les amas de choses qui les recouvraient, n’ont même pas été ouverts. On s’est attaqué plutôt aux innombrables bibelots posés par-dessus, et enfermés pour la plupart dans des guérites de verre ou des écrins de soie