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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

les lointains clairs, des branches noueuses qui retombent de quelque vieux cèdre.

Je suis seul, largement et délicieusement seul, et très haut perché, parmi des splendeurs dévastées et muettes, dans un lieu inaccessible dont les abords sont gardés par des sentinelles. Parfois, un cri de corbeau. Ou bien, de loin en loin, le galop d’un cheval, en bas, au pied du rempart où pose mon habitation frêle : quelque estafette militaire qui passe. Autrement rien ; pas un bruit proche pour troubler le calme ensoleillé de ma retraite, pas une surprise possible, pas une visite…

Je travaille depuis une heure, quand un très léger frôlement derrière moi, du côté des petits couloirs d’entrée, me donne le sentiment de quelque discrète et gentille présence, et je me retourne : un chat, qui s’arrête court, une patte en l’air, hésitant, et me regarde bien dans les yeux, avec un air de dire : « Qui es-tu toi ? Et qu’est-ce que tu fais ici ?… »

Je l’appelle tout bas ; il répond par un