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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

Pour se rendre à mon cabinet de travail, il faut passer par d’étroits couloirs aux fines boiseries, qui se contournent dans la pénombre, entre de vieux arbres et des rocailles très maniérées. Ensuite, c’est le kiosque inondé de lumière ; le beau soleil tombe sur ma table, sur mes sièges noirs et mes coussins jaune d’or ; le beau soleil mélancolique d’octobre illumine et chauffe ce réduit d’élection, où l’Impératrice, paraît-il, aimait venir s’asseoir et contempler de haut son lac tout rose de fleurs.

Contre les vitres, les derniers papillons, les dernières guêpes battent des ailes, prolongés par cette chaleur de serre. Devant moi, s’étend ce grand lac impérial, que le Pont de Marbre traverse ; sur les deux rives, des arbres séculaires lui font comme une ceinture de forêt, d’où s’élèvent des toits compliqués de palais ou de pagodes, qui sont de merveilleux amas de faïences. Comme dans les paysages peints sur éventail chinois, il y a, aux tout premiers plans, la mignardise des rocailles, les petits monstres d’émail d’un kiosque voisin, et, tranchant sur