Pas un nuage aujourd’hui ; un ciel profond et pâle, d’où tombe une étincelante lumière. — Et il en sera ainsi tout l’hiver, paraît-il, même pendant les plus grands froids, les temps sombres, — les pluies, les neiges étant à Pékin des exceptions très rares.
Après notre bref déjeuner de soldats, servi dans les précieuses porcelaines, au milieu de la longue galerie vitrée, je quitte notre « palais du Nord » pour m’installer au travail, sur l’autre rive, dans ce kiosque dont j’ai fait choix hier matin. Il est environ deux heures ; un vrai soleil d’été, dirait-on, rayonne sur mon chemin solitaire, sur les blancheurs du Pont de Marbre, sur les vases du lac et sur les cadavres qui dorment parmi les feuilles gelées des lotus.
À l’entrée du palais de la Rotonde, les hommes de garde m’ouvrent et referment derrière moi, sans me suivre, les battants de laque rouge. Je gravis le plan incliné qui mène à l’esplanade, et me voici seul, largement seul, dans le silence de mon jardin suspendu et de mon palais étrange.