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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

toute la matinée à recoller du papier de riz sur les châssis de notre palais, où le vent bientôt n’entrera plus. Quant au chauffage, suivant la mode chinoise, il s’opère par en dessous, au moyen de fours souterrains qui sont disposés tout le long des salles et que nous allumerons ce soir, dès que tombera la nuit glacée. Pour le moment, le soleil splendide nous suffit ; tous ces vitrages, dans la galerie où brillent les soies, les émaux et les ors, nous donnent une chaleur de serre, et, servis toujours dans de la vaisselle d’empereur, nous prenons cette fois notre petit repas de campagne en nous faisant des illusions d’été.

Mais ce ciel de Pékin a des variations excessives et soudaines, dont rien ne peut donner l’idée chez nous, dans nos climats si réguliers. Vers le milieu du jour, quand je me retrouve dehors, sous les cèdres de la « Ville jaune », le soleil a brusquement disparu derrière des nuages couleur de plomb, qui semblent lourds de neige ; le vent de Mongolie recommence de