Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

ajoutant à ma couverture grise une vieille peau de mouton, deux ou trois robes impériales brodées de chimères d’or, tout ce qui me tombe sous la main. Mes deux serviteurs, par terre, s’arrangent dans le même style. Et, avant de souffler ma bougie rouge d’autel d’ancêtres, je suis forcé de convenir, en mon for intérieur, que notre air « barbare d’Occident » a plutôt empiré depuis le souper.

Le vent, dans l’obscurité, tourmente et déchire ce qui reste de papier de riz à mes carreaux ; c’est, au-dessus de ma tête, comme un bruit continu d’ailes d’oiseaux nocturnes, de vols de chauves-souris. Et, en demi-sommeil, je distingue aussi de temps à autre une courte fusillade, ou un grand cri isolé, dans le lointain lugubre…