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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Tout ce lieu cependant est d’une incontestable beauté ; mais combien en même temps il est funèbre, hostile, inquiétant sous le ciel sombre !

Maintenant, voici quelque chose d’immense, que nous allons un moment longer : une forteresse, une prison, ou quoi de plus lugubre encore ? Des doubles remparts que l’on ne voit pas finir, d’un rouge de sang comme toujours, avec des donjons à meurtrière et des fossés en ceinture, des fossés de trente mètres de large remplis de nénufars et de roseaux mourants. — Ceci, c’est la « Ville violette », enfermée au sein de l’impénétrable « Ville impériale » où nous sommes, et plus impénétrable encore ; c’est la résidence de l’Invisible, du Fils du Ciel… Mon Dieu, comme tout ce lieu est funèbre, hostile, féroce sous le ciel sombre !

Entre les vieux arbres, nous continuons d’avancer dans une absolue solitude, et on dirait le parc de la Mort.

Ces palais muets et fermés, aperçus de côté