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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Je prends mon dernier repas avec les membres de la légation de France, dans la maison du chancelier où l’on m’avait offert, à défaut d’un appartement somptueux, une si aimable hospitalité. Et, à une heure et demie, arrivent les deux charrettes chinoises que l’on me prête, pour mon émigration, avec mes gens et mon mince bagage, vers la « Ville jaune ».

Toujours très petites, les charrettes chinoises, très massives, très lourdes et sans le moindre ressort ; la mienne d’une élégance de corbillard, est recouverte à l’extérieur d’une soie gris ardoise avec de larges bordures de velours noir.

C’est vers le Nord-Ouest que nous nous dirigerons, du côté opposé à la « Ville chinoise » d’hier et au temple du Ciel. Et il y aura cinq ou six kilomètres à faire, presque au pas, vu l’état pitoyable des rues et des ponts, où manquent la moitié des dalles.

Cela ne ferme pas, les charrettes chinoises ; c’est comme une simple guérite montée sur des roues, — et aujourd’hui on y est battu par le