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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

elle se dissimule comme sous des envolées de cendre, ou sous de la brume, ou sous des voiles de gaze, on ne sait trop ; on croirait plutôt un mirage de ville, — sans ces toitures monumentales de proportions exagérées, qui de distance en distance émergent du brouillard, bien nettes et bien réelles, le faîte étincelant d’émail : les palais et les pagodes. Derrière tout cela, très loin, la crête des montagnes de Mongolie, qui ce soir n’ont point de base, ressemble à une découpure de papier bleu et rose, dans l’air. Vers l’Ouest enfin, c’est le steppe gris par où nous sommes venus ; la lente procession des caravanes le traverse en son milieu, y traçant dans le lointain comme une coulée brune, jamais interrompue, et on se dit que ce défilé sans trêve doit continuer pareil pendant des centaines de lieues, et qu’il en va de même, avec une lenteur identique, sur toutes les grandes voies de la Chine, jusqu’aux frontières si reculées.

Cela, c’est le moyen de communication séculaire et inchangeable entre ces hommes d’une