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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

voulons nous rendre ; donc, nous nous engageons dans les grisailles de ces terrains tristes, quittant les foules et la poussière.

Il a plus de six kilomètres de tour, l’enclos du temple du Ciel ; il est une des choses les plus vastes de cette ville, où tout a été conçu avec cette grandeur des vieux temps, qui aujourd’hui nous écrase. La porte, jadis infranchissable, ne se ferme plus, et nous entrons dans un bois d’arbres séculaires, cèdres, thuyas et saules, sous lesquels de longues avenues ombreuses sont tracées. Mais ce lieu, tant habitué au respect et au silence, est profané aujourd’hui par la cavalerie des « barbares ». Quelques milliers d’Indiens, levés et expédiés contre la Chine par l’Angleterre, sont là campés, leurs chevaux piétinant toutes choses ; les pelouses, les mousses s’emplissent de fumier et de fientes. Et, d’une terrasse de marbre où l’on brûlait autrefois de l’encens pour les dieux, montent les tourbillons d’une fumée infecte, les Anglais ayant élu cette place