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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

masque alors le délabrement de ses rues et la pouillerie de ses foules.

Cependant, sous ces ors qui continuent de briller, tout est bien vieux et décrépit. De plus, dans ces quartiers, on s’est constamment battu, entre Chinois, durant le siège des légations, les Boxers détruisant les logis de ceux qu’ils suspectaient de sympathie pour les « barbares », et il y a partout des décombres, des ruines.

La grande avenue que nous suivons depuis une demi-heure aboutit maintenant à un pont courbé en marbre blanc, encore superbe, jeté sur une sorte de canal fétide où des détritus humains macèrent avec des ordures, — et ici les maisons finissent ; la rive d’en face n’est plus qu’un steppe lugubre.

C’était le Pont des Mendiants, — hôtes dangereux qui, avant la prise de Pékin, se tenaient en double rangée menaçante le long des balustres à têtes de monstres, et rançonnaient les passants ; ils formaient une corporation hardie, ayant un roi, et quelquefois