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VERS PÉKIN.

forme Pékin, et l’une, la Tartare, contient en son milieu, dans une autre enceinte de forteresse, cette « Ville jaune » où j’irai demain habiter.

Au sortir des remparts de séparation, lorsque la « Ville chinoise » se découvre à nous dans l’encadrement colossal d’une porte, c’est la surprise d’une grande artère encore vivante et pompeuse comme aux anciens jours, à travers ce Pékin qui jusque-là nous semblait une nécropole ; c’est l’inattendu des dorures, des couleurs, des mille formes de monstres tout à coup érigées dans le ciel, et c’est la soudaine agression des bruits, des musiques et des voix. — Mais combien cette vie, cette agitation, toute cette pompe chinoise sont pour nous choses inimaginables et indéchiffrables !… Entre ce monde et le nôtre, quels abîmes de dissemblances !…

La grande artère s’en va devant nous, large et droite : une chaussée de trois ou quatre kilomètres de long, conduisant là-bas à une autre porte monumentale, qui apparaît tout au