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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

toujours a chassé les nuages, et le soleil resplendit dans un ciel très pâlement bleu.


D’après le plan de Pékin, c’est à cinq à six kilomètres d’ici, ce temple du Ciel, le plus immense de tous les temples. Et cela se trouve, paraît-il, au centre d’un parc d’arbres séculaires, muni de doubles murs. Avant ces jours de désastre[1], le lieu était impénétrable ; les empereurs seuls y venaient une fois l’an s’enfermer pendant une semaine pour un solennel sacrifice, longuement précédé de purifications et de rites préparatoires.

Il faut, pour aller là, sortir d’abord de toutes ces ruines et de ces cendres ; sortir même de la « Ville tartare » où nous sommes, franchir ses terribles murs, ses gigantesques portes, et pénétrer dans la « Ville chinoise ».

Ce sont deux immenses quadrilatères juxtaposés, ces deux villes murées dont l’ensemble

  1. Le parc même était interdit aux « barbares d’Occident », depuis qu’un touriste européen, homme de toutes les élégances, s’était faufilé dans le temple pour faire des ordures sur l’autel.