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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

d’accalmie, d’armistice s’ensuivit quand même, on les attaqua avec moins de violence.

Ils voyaient aussi des incendies partout, ils entendaient des fusillades entre Chinois, des canonnades et de longs cris ; des quartiers entiers flambaient ; on s’entre-tuait autour d’eux dans la ville fermée ; des rages y fermentaient comme en un pandémonium, — et on suffoquait à présent, on étouffait à respirer l’odeur des cadavres.

Des espions venaient parfois leur vendre des renseignements, toujours faux d’ailleurs et contradictoires, sur cette armée de secours, qu’ils attendaient d’heure en heure avec une croissante angoisse. On leur disait : « Elle est ici, elle est là, elle avance. » Ou bien : « Elle a été battue et elle recule. » Et toujours elle persistait à ne point paraître.

Que faisait donc l’Europe ? Est-ce qu’on les abandonnait ? Ils continuaient de se défendre, presque sans espérance, si diminués maintenant, et dans un espace si restreint ! Ils se sentaient comme enserrés chaque jour davantage par la torture chinoise et l’horrible mort.