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VERS PÉKIN.

Et quand on les voit, leurs petites barricades de rien du tout, faites en hâte la nuit, et que cinq ou six matelots réussissaient à défendre (cinq ou six, vers la fin c’était le plus qu’on pouvait fournir), il semble vraiment qu’à tout cela un peu de surnaturel se soit mêlé. Quand, avec l’un des défenseurs du lieu, je me promène dans ce jardin, sous le ciel sombre, et qu’il me dit : « Là, au pied de ce petit mur, nous les avons tenus tant de jours… Là, devant cette petite barricade, nous avons résisté une semaine », cela paraît un conte héroïque et merveilleux.

Oh ! leur dernier retranchement ! C’est tout à côté de la maison, un fossé creusé fiévreusement à tâtons dans l’espace d’une nuit, et, sur la berge, quelques pauvres sacs pleins de terre et de sable : tout ce qu’ils avaient pour barrer le passage aux tortionnaires, qui leur grimaçaient la mort, à six mètres à peine, au-dessus d’un pan de mur.

Ensuite vient le « cimetière », c’est-à-dire le coin de jardin qu’ils avaient adopté pour y