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VERS PÉKIN.

sur les barricades ou sur les toits, et deux étrangers, M. et madame de Rosthorn, de la légation d’Autriche. Les officiers de chez nous qui commandaient la défense étaient le lieutenant de vaisseau Darcy et l’aspirant Herber, qui dort aujourd’hui dans la terre du jardin, frappé d’une balle en plein front.

L’horreur de ce siège, c’est qu’il n’y avait à attendre des assiégeants aucune pitié ; si, à bout de forces et à bout de vivres, on venait à se rendre, c’était la mort, et la mort avec d’atroces raffinements chinois pour prolonger des paroxysmes de souffrance.

Aucun espoir non plus de s’évader par quelque sortie suprême : on était au milieu du grouillement d’une ville ; on était enclavé dans un dédale de petites bâtisses sournoises abritant une fourmilière d’ennemis, et, pour emprisonner plus encore, on sentait autour de soi, emmurant le tout, le colossal rempart noir de Pékin.

C’était pendant la période torride de l’été chinois ; le plus souvent, il fallait se battre