Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
VERS PÉKIN.

ment au milieu d’enclos qui sont des bocages mortuaires, des bois de cèdres aux verdures sombres.

Dix heures. Nous devons approcher de Pékin, dont rien pourtant ne décèle encore le voisinage. Pas une figure de Chinois ne s’est montrée depuis notre départ ; les campagnes continuent d’être désertes et inquiétantes de silence, sous le voile de l’imperceptible pluie.

Nous allons passer, paraît-il, non loin du mausolée d’une impératrice, et le chancelier de France, qui connaît ces environs, me propose de faire un détour pour l’apercevoir. Donc, laissant tout notre monde continuer tranquillement l’étape, nous prenons des sentiers de traverse, en allongeant le trot de nos chevaux dans les hautes herbes mouillées.

Bientôt paraissent un canal et un étang, blêmes sous le ciel incolore. Personne nulle part ; des tranquillités mornes de pays dépeuplé. Le mausolée, sur la rive d’en face, émerge à peine de l’ombre d’un bois de cèdres, muré de toutes parts ; nous ne voyons guère que les