Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

campagnes de deuil et d’automne, sur lesquelles commence de tomber lentement une petite pluie triste.

Par instants, il m’arrive de me croire dans les chemins du pays basque, en novembre, parmi des maïs non encore fauchés. Et puis tout à coup, sur mon passage, quelque symbole inconnu se dresse pour me rappeler la Chine, un tombeau de forme mystérieuse, ou bien des stèles étranges posées sur d’énormes tortues de granit.

De loin en loin, nous croisons des convois militaires, d’une nation ou d’une autre, des files de voitures d’ambulance. Ici des Russes, dans les ruines d’un village, s’abritent pour une averse. Là des Américains, qui ont découvert une cachette de vêtements, au fond d’une maison abandonnée, s’en vont joyeux, endossant des manteaux de fourrure.

Des tombeaux, toujours beaucoup de tombeaux ; la Chine, d’un bout à l’autre, en est encombrée ; les uns, au bord de la route, gisent comme perdus ; d’autres s’isolent magnifique-