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Le ciel se ternit de vapeur d’eau, la brise est molle et l’horizon s’embrume. De plus en plus, l’herbe s’étend ; d’heure en heure, nous la trouvons épaissie, et le soir, toutes les collines sont vertes.

Sans doute, ce n’est que momentané, tout cela ; ce n’est qu’un revêtement éphémère jeté par les pluies de mars et que le soleil brûlera bientôt ; mais c’est égal, le renouveau, qui était sans action là-bas sur le désert, travaille profondément la terre d’ici, et nous subissons nous-mêmes son charme inattendu.

Pour la nuit, nous campons dans une vaste prairie, — illimitée encore et sans vestiges humains nulle part, mais fraîche et émaillée de fleurs, de coquelicots et de marguerites.