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sans doute de ce qu’il y retrouvera, après sa captivité si longue.

Sortis du désert de Pharan, nous entrons ici dans ce pays de Cédar, déjà si malfamé aux temps bibliques, que les prophètes, s’indignant des péchés d’Israël, s’écriaient : « Envoyez en Cédar, et regardez s’il s’y est fait quelque chose de semblable ! » (Jérémie, ii, 10). Les siècles ont coulé, et Cédar est demeuré une sombre terre de brigandage et de crime…



L’étendue ensuite redevient vide jusqu’au soir. Et nous campons en un lieu encore largement désert appelé l’Ouady-Caïciré, au fond d’une vallée, près d’une source à peine saumâtre qui sort des sables.

Les collines ont ici une vague teinte verte, que nous n’avions jamais vue en Arabie Pétrée jusqu’à ce jour ; c’est l’herbe qui commence ; la désolation de la terre est près de finir. Autour de nous, il y a des roseaux, des graminées et quelques fleurs. — Des fleurs en miniature, il est vrai, mais qui sont presque de nos climats ; de petits iris qui s’élèvent à peine à deux pouces du sol ; des tulipes jaunes panachées de rouge, grandes à peu près comme l’ongle, des