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dans la chaude solitude. D’être obligés de revenir et de s’agenouiller, ils se plaignent en ces vilains cris caverneux qui sont les plus habituels bruits de la vie au désert.

Une fois perché sur sa grande bête, qui s’est relevée en deux temps, on a une première impression de fraîcheur, parce qu’on est plus haut, plus loin de la terre surchauffée ; on regarde au fond des plaines la direction à suivre et, de nouveau l’on s’en va, pointant dans le monotone infini.



Plus que trois jours, après celui-ci, pour atteindre Gaza, la ville de Palestine la plus avancée vers les désolations du Sud, et nos Arabes disent que déjà le désert est moins désert, que déjà, aux replis des vallées, on trouverait de l’eau çà et là, et par conséquent des troupeaux et des hommes.

Vers deux heures, extrêmement loin, au flanc d’une de ces chaînes de collines pâles à rayures d’étoffe, commencent à se dessiner des séries de choses longues et noirâtres, qui sont tapies sur le sol comme des bêtes collées ; on dirait le prodigieux agrandissement des chenilles de l’Ouady-Loussein.