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XXXIII

Mardi 20 mars.

Nos chameaux ont dormi encore d’un sommeil troublé, dans ce ravin de l’Ouady-Loussein, se levant parfois avec des cris, à cause sans doute des panthères rôdeuses. Mais nos feux ont brillé clair toute la nuit pour éloigner les mauvaises visites.

Au soleil levant, nous reprenons notre éternelle route vers le nord. La lumière est quelconque ; le décor, banal et terne. Il semble, pendant les premières heures, que nous nous lassions du désert, ou que le désert se lasse de déployer pour nous sa silencieuse magie.

Mais, à l’extrémité du plateau où nous cheminions, des régions nouvelles nous apparaissent tout à coup dans un déroulement infini jusqu’aux premiers contreforts du pays de Moab, à travers des