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Lentement, elles s’éloignent derrière nous, les étranges collines et, de nouveau, les plaines se simplifient, en reviennent à n’être plus que de l’espace où les yeux ne rencontrent rien.

Dix heures, l’heure où commencent les mirages. Et d’abord apparaît une fraîche petite rivière, qui semble nous appeler, mystérieuse, tentante, avec des reflets d’arbres dans ses eaux légères. Puis, auprès ou au loin, commencent à jouer, se replier ou s’étendre, les gentils lacs trompeurs. — Mais, c’est fini, nous ne nous y prenons plus.



Vers midi, nous passons devant un grand campement de nomades. Un peu dans le lointain, sur le flanc de notre caravane, nous laissons leurs tentes ; en plus petites, elles sont pareilles à ces collines de ce matin, qui achèvent de s’évanouir à l’horizon derrière nous : mêmes formes, mêmes nuances et mêmes dessins rayés. À cette heure accablante, personne ne se montre aux abords mais des chameaux en troupe nombreuse paissent alentour et des chiens de garde nous signalent par de longs aboiements.