Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Quand elles ont disparu, nous ne voyons plus rien que de l’espace mort.

Pour changer, voici de petites ondulations, comme des vagues par beau temps, qui courent sur l’étendue ; collines grisâtres, très basses et indéfiniment prolongées, parallèles ou bien se ramifiant en artères, et toujours rehaussées d’une teinte brune ou violette le long de leur arête supérieure, comme ce nuançage de poils plus foncés sur l’épine dorsale de bêtes.

Dix heures, dix heures et demie, c’est à peu près l’instant où hier les petits lacs féeriques avaient commencé de se montrer. Déjà, il en apparaît quelques-uns, précurseurs sans doute d’une plus grande illusion d’ensemble, — et si frais, si bien azurés ! Ils ont toujours l’air de vouloir déborder et vous envahir ; mais, au contraire, si on s’approche… crac, plus rien : bus par le sable aride, ou repliés comme une toile bleue, disparus vite et en silence, comme une chimère qu’ils sont.