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Aït, fils d’un frère de Mohammed-Jahl, — une exquise figure fine, des dents de porcelaine blanche, et, sur chaque oreille, trois nattes de cheveux à l’antique, — nous apprend qu’il a vingt-cinq ans, qu’il est marié et père de deux petits nomades.

Le cheik Hassan, qui n’a guère qu’une vingtaine d’années, nous conte qu’il avait épousé en premières noces la sœur d’Aït, sa cousine, mais qu’il l’a répudiée parce qu’elle ne lui donnait pas d’enfants ; de sa seconde femme, il vient d’avoir une petite fille… Tandis que nous causons, un de nos chameliers passe près de moi ; il porte en bandoulière un arsenal de choses qui brillent à la lune : poires à poudre, briquets à silex, pinces pour le chibouk, enfin tous les accessoires qui conviennent à un élégant Bédouin. Je l’arrête, pour lui proposer de me vendre ce complément de costume ; alors Hassan, qui ne sait plus quelles plus grandes prévenances me faire, le lui arrache et me le donne.



Une heure du matin — et nous dormions sous le resplendissement blanc de la lune, très calmes au milieu du calme immense.

Tout à coup, le silence déchiré, un grand cri